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jeudi 22 septembre 2011

ONU ISRAEL PALESTINE

Le Devoir 22 septembre 2011

Assemblée générale de l'ONU - La Palestine sur toutes les lèvres

Obama réitère son opposition à la reconnaissance d'un État palestinien sans négociations avec Israël

Reuters , Agence France-Presse , Libération Actualités internationales

Les Palestiniens ont manifesté hier dans plusieurs villes Cisjordanie.

Tout pour éviter la crise. À 48 heures de la possible demande de reconnaissance d'un État palestinien à l'ONU, des tractations de tout ordre, ouvertement ou en coulisse, se multipliaient à New York pour éviter un affrontement israélo-palestinien.

Dans son discours devant l'Assemblée générale, le président des États-Unis, Barack Obama, a réitéré son opposition à une éventuelle demande à l'ONU de la reconnaissance d'un État palestinien. Seules des négociations directes permettront de mettre fin au conflit proche-oriental, a-t-il déclaré.

«Je suis convaincu qu'il n'y a pas de raccourci vers l'issue d'un conflit qui dure depuis des décennies. La paix ne viendra pas avec des communiqués et des résolutions de l'ONU», a-t-il ajouté. «Au final, c'est aux Israéliens et aux Palestiniens, pas à nous, de trouver un accord sur les problèmes qui les divisent: sur les frontières et la sécurité, sur les réfugiés et Jérusalem.»

Barack Obama a fait passer clairement le message à Mahmoud Abbas que la reconnaissance d'un État passait obligatoirement par la reprise des discussions avec Israël. «Il n'y a pas de raccourci», a lancé le président américain.

Son auditoire, largement acquis à la cause palestinienne, est resté silencieux à l'issue de ce discours de 36 minutes.

Une initiative

Le président français, Nicolas Sarkozy, y est allé de son initiative hier à New York, en soulignant l'urgence de résoudre le conflit au Proche-Orient, après une année marquée par les printemps arabes. «La méthode utilisée jusqu'à présent a échoué, a lancé Sarkozy devant l'Assemblée générale, il faut donc changer de méthode.»

Il a présenté un plan en plusieurs étapes: un mois pour reprendre les discussions, six mois pour se mettre d'accord sur les frontières et sur la sécurité et un an pour parvenir à un accord définitif. Parallèlement, Nicolas Sarkozy a proposé à la Palestine le statut intermédiaire d'État observateur aux Nations unies. Un statut similaire à celui du Vatican qui serait accordé par l'Assemblée générale et non pas après un vote du Conseil de sécurité.

Se faisant l'écho des divisions et des frustrations qui ont vu le jour à l'ONU sur la question israélo-palestinienne, il n'a pas hésité à lancer une attaque directe contre les États-Unis. «Il faut arrêter de croire qu'un seul pays — fut-il le plus grand — peut résoudre un problème d'une telle complexité», a-t-il affirmé. Et de replacer l'Union européenne au centre des débats: «Personne ne peut imaginer que le processus de paix puisse se passer de l'Europe.»

La démarche française a donc pour but principal d'essayer de convaincre le président Mahmoud Abbas de reprendre les négociations et de ne pas déposer sa demande d'adhésion à l'ONU devant le Conseil de sécurité demain.

Quelle réception ?

Depuis plusieurs jours, l'administration américaine a confirmé qu'elle opposerait son veto au projet palestinien. Et hier, Nicolas Sarkozy a estimé qu'un tel veto risquerait de «déclencher un cycle de violence au Proche-Orient».

Toute la question est désormais de savoir si Mahmoud Abbas va prêter une oreille attentive aux discours de Nicolas Sarkozy et de Barack Obama. L'alternative du statut d'État non membre avait déjà été évoquée ces derniers jours par les responsables palestiniens et par le Quartette sur le Proche Orient (États-Unis, Russie, UE, ONU). Mais la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton avait demandé en contrepartie aux Palestiniens de ne pas poursuivre Israël devant la Cour pénale Internationale. Ce qui avait été jugé «hors de question» par Mahmoud Abbas et avait provoqué la colère de son entourage.

Hier à la mi-journée, la délégation palestinienne à l'ONU n'avait pas encore réagi officiellement aux idées françaises. Mais le secrétaire général de l'Organisation de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo, a assuré que les Palestiniens allaient étudier de «façon positive» les propositions de Nicolas Sarkozy.

Le négociateur Nabil Chaath a pour sa part assuré que les Palestiniens sont prêts à «donner du temps» au Conseil de sécurité pour évaluer leur demande d'admission d'un État de Palestine. «Le président Abbas ne veut que personne ne nous soupçonne de manquer de sérieux si nous nous adressons aux deux instances en même temps. Il donnera donc du temps au Conseil de sécurité pour examiner notre demande d'admission pleine, avant d'aller à l'Assemblée générale», a-t-il dit.

Et Nétanyahou

Les tractations en coulisse se poursuivaient en tout cas à l'ONU, parallèlement aux interventions publiques. Arrivé lui aussi à New York, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a dit venir livrer «la vérité d'Isräel» aux Nations unies. L'un de ses porte-parole a souligné que le projet palestinien était «une erreur et pourrait nuire aux chances de parvenir à une solution négociée», tout en assurant néanmoins que Nétanyahou était toujours prêt à entamer des négociations directes. «Personne n'est encore sûr de l'issue de cette affaire, mais au moins, on peut dire qu'il y a du mouvement. C'est déjà pas mal à l'ONU», confiait un diplomate dans un sourire.