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lundi 5 décembre 2011

Conférence de Durban décembre 2011

Les Échos

05/12/ 2011 | | | Massimo Prandi

Réchauffement climatique : les États entrent en jeu à Durban

La première semaine de la conférence de Durban s'est déroulée sans esclandre. Les États-Unis et la Chine, plus encline à des avancées que l'Inde sur des engagements de réduction au niveau multilatéral, se regardent « en chiens de faïence ».

Faut-il le prendre comme un signe de bon augure quant à l'issue de la conférence de Durban ? La première semaine de ce 17e rendez-vous onusien sur le climat s'est déroulée sans psychodrame ou prise de position outrée. Phénomène assez inhabituel, les discussions engagées depuis lundi dernier par les négociateurs des 194 Etats impliqués dans la lutte contre le réchauffement n'ont subi aucun blocage de la part de l'un d'entre eux. Aucun, pour l'instant, n'a osé recourir à cette ficelle un peu grosse qui permet, comme cela s'est vu à Copenhague, d'imposer un rapport de force et de peser dans le round politique de Durban. A moins que ce ne soit le signe de la moindre attention que les Etats, accaparés par la gestion de la crise, portent au dérèglement de la planète, à ses conséquences humaines et économiques.

L'Inde est récalcitrante

La seconde manche de cette conférence, qui ouvre officiellement demain après-midi n'en vivra pas moins des heures très chaudes, à son issue, vendredi prochain, et ce jusque tard dans la nuit. Enjeu pour la présidence sud-africaine : sauver le processus de Kyoto engagé en 2005 et seul traité international imposant des réductions de gaz à effet serre (GES). Les 120 ministres et la douzaine de chefs d'Etat - tous représentant le Sud à l'exception de la Norvège -qui défileront à partir de mercredi à la tribune auront-ils toutes les cartes en main pour négocier ? Toute la semaine, leurs délégations se sont employées à régler les aspects techniques de dispositifs décidés l'an dernier à Cancun, concernant notamment les transferts de technologie et l'aide à l'adaptation au changement climatique. Un certain nombre de textes à soumettre à la négociation entre politiques sont prêts.

En revanche, le projet de texte d'accord final de Durban demeure une page blanche, tant les positions sur une nouvelle période d'engagement sont antagoniques entre les différents groupes d'Etats. Des positions que d'aucuns estiment déjà impossibles à rapprocher. Les pays de l'Union européenne (UE), déjà engagés, sont encore les premiers partants pour un nouvel accord global contraignant les pays à diminuer leurs émissions de CO2. Sauf qu'ils ne représentent désormais plus que 11 % de celles-ci. La balle est forcément dans le camp des grands pollueurs. S'il ne faut rien attendre des Etats-Unis, surtout en cette année préélectorale, les regards se tournent de plus en plus vers la Chine. Lors de ce premier round de la conférence de Durban, l'ex-empire du Milieu aurait donné de nouveaux signes de rapprochement avec l'UE. L'Europe défend l'idée d'une feuille de route avec des objectifs de réduction différenciés sur lesquels les pays émergents pourraient s'engager. La Chine n'aurait rien contre cette initiative, même si elle n'entend pas se lier avant 2015. L'Inde, elle, est très récalcitrante. « Sa position est de plus en plus dure. Dans l'expression en tout cas. Elle défend son développement », commentait hier un négociateur, inquiet de cet immobilisme qui pourrait tout bloquer. Les pays émergents continuent d'attendre un minimum d'engagements venus de l'hémisphère Nord. La conférence de Durban permettra-t-elle malgré tout de les faire évoluer et sans attendre ? Si tel est le cas, les Etats-Unis pourront encore plus difficilement justifier leur inertie, d'autant que l'opinion publique américaine pourrait commencer à se mobiliser. Ce scénario du « billard à trois bandes », entendu à Durban, hors des salles des négociations, éviterait de désespérer les pays en voie de développement et les îles-États menacés de submersion. Samedi, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans la métropole africaine pour réclamer « une justice climatique [...] pas un apartheid climatique ». Sans attendre la 18e conférence qui a été fixée à Doha (Qatar).

J. C.,