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lundi 5 décembre 2011

Conférence de Durban

Le journal du dimanche

3 décembre 2011

"Panne à Durban", un sombre scénario

Les négociations menées à Durban à la conférence des Nations unies s’enlisent. Pourra-t-on éviter une surchauffe incontrôlée de notre planète?

C’est la mi-temps, et ce n’est pas gagné. À cinq jours du coup de sifflet final de la Conférence sur le climat, impossible encore d’écarter un scénario noir du type "panne à Durban". Pourtant, les quelque 12.000 délégués, experts et autres observateurs réunis jusqu’au 9 décembre en Afrique du Sud mesurent l’enjeu. Il s’agit, en priorité, de prolonger le protocole de Kyoto, négocié en 1997 et jusque-là seul véritable instrument de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Sa période initiale, qui oblige une quarantaine de pays industrialisés à réduire leurs émissions, expire en effet fin 2012. Et le fantôme du sommet de Copenhague, en 2009, où aucun accord n’avait pu être adopté, hante les couloirs de la conférence onusienne.

Tous les signaux climatiques sont au rouge. Cette semaine encore, on apprenait que les treize années les plus chaudes qu’a connues la planète sont concentrées sur les quinze dernières années; que la banquise arctique n’a jamais eu un volume aussi faible que l’été dernier; que le mois de novembre, en France, a été le deuxième plus chaud depuis le début du XXe siècle; que 2011 devrait faire partie des trois années les plus chaudes enregistrées dans l’Hexagone. Quant aux émissions de gaz à effet de serre, elles battent record sur record.

Une nouvelle feuille de route?

Ces constats ne laissent pas les Français indifférents : 55 % d’entre eux, selon un sondage BVA-Evasol publié dans 20 Minutes, estiment que les spécialistes de l’environnement n’exagèrent pas les menaces qui pèsent sur notre planète. Mais visiblement, l’évolution constatée du climat et son cortège de catastrophes annoncées ne suffisent pas à convaincre l’ensemble des États de l’urgence écologique. L’objectif d’une limitation à 2°C du réchauffement global semble déjà hors d’atteinte.

L’Union européenne, qui représente seulement 11% des émissions mondiales, souhaite pour souscrire à la seconde phase du protocole de Kyoto débutant fin 2012, discuter à Durban d’une nouvelle "feuille de route". Celle-ci, à l’horizon 2020, imposerait à tous les pays – et plus seulement à ceux soumis à des engagements dans "Kyoto 1" – des objectifs de réduction des émissions de CO2. Inacceptable pour Pékin, qui attendra pour prendre de nouvelles décisions. La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre devant les États-Unis, rappelle d’ailleurs qu’elle s’est fixé, comme de nombreux pays, des objectifs "volontaires" pour 2020. L’administration américaine, elle, est soumise à l’échéance présidentielle de 2012. "De toute façon, les États-Unis ont comme religion de ne pas entrer dans des accords multilatéraux contraignants", souligne Jean Jouzel.

Les chefs d’État, de gouvernement et ministres attendus cette semaine à Durban parviendront-ils, dans cette partie où se joue le quotidien des générations futures, à mettre de côté leurs intérêts immédiats? Rien n’est moins sûr.